L’hospitalité au CHU de Québec

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Une valeur à la base de notre mission



Par Gertrude Bourdon - 1er août 2015

Gertrude Bourdon est présidente-directrice générale du CHU de Québec – Université Laval. Elle évoque dans ce texte les liens étroits qui unissent spiritualité et hospitalité. Du même souffle, elle rappelle que la notion d’hospitalité peut être retracée visiblement dans la plupart des cas à travers les grandes orientations stratégiques de l’établissement.


Il y a quelques jours, j’ai eu le plaisir d’assister à une soirée portant sur la spiritualité et les affaires. Ce fut un moment de réflexion, mais aussi de révision de mes paradigmes concernant le vrai sens du mot spiritualité trop souvent confondu avec croyance et religion.

M. Claude Béland, ancien président et chef de la direction du Mouvement Desjardins abordait ce thème sur l’essence même de ce que je considère comme la clé de l’amélioration de la condition humaine dans notre société. Pour lui, la force de la solidarité, l’importance de la communauté, de la fraternité et de la collaboration étaient la plus grande spiritualité que l’humain puisse atteindre. Le vrai sens du « nous » ouvert et généreux qui transcende le « je » trop souvent narcissique et individualiste. Pour d’autres, toutefois, la spiritualité est d’abord et avant tout une façon toute personnelle de se situer dans ce monde trop souvent anonyme et tellement agité. Ils ont besoin d’y retrouver certains repères par la méditation, le yoga, le silence, la musique, le vide. Ces temps d’arrêt deviennent alors des moments de ressourcement indispensables à leur équilibre personnel et même professionnel aidant ainsi à se recentrer sur leurs valeurs et leur moi profond. 

Il est fort probable que la vraie spiritualité regroupe ces deux approches. Pour certains, l’ouverture aux autres sera la porte d’entrée vers leur spiritualité et, pour d’autres, ce sera par leur cheminement intérieur que l’ouverture aux autres se fera. Mais dans les deux cas, il y a le chemin vers l’autre.

Il est plutôt rare que dans une grande organisation comme le CHU de Québec, nous abordions directement ces thèmes. Pourtant, la base de notre mission repose sur l’hospitalité, sur le fait d’accueillir des malades, d’agir sans jugement et avec bienveillance envers eux. Nous avons d’ailleurs mis en tête de liste de nos valeurs institutionnelles l’HUMANISME. Les hôpitaux, nés pour la plupart de croyances profondément religieuses, ont été imprégnés de ces valeurs profondes de faire le bien, du don de soi, de l’engagement total envers ceux qui en ont besoin. 

Mais aujourd’hui, qu’en est-il? Avec l’évolution des professions, l’engagement des professionnels s’est vu encadré dans un code de déontologie. On y retrouve des obligations clairement énoncées qui touchent les notions d’altruisme, d’engagement dans le développement des connaissances et les obligations d’autorégulation entre professionnels. L’avènement du code des professions a permis de sortir de l’aura religieuse pour faire en sorte que les professionnels s’engagent moralement à respecter en tout temps leur code de déontologie, et ce, sans égard à leurs croyances religieuses. 

Cette laïcisation de notre société a eu pour effet d’établir trop souvent une dichotomie entre les valeurs sociales et les valeurs individuelles, alors que la religion contribuait grandement à les regrouper. Maintenant, il appartient aux organisations de mettre au premier plan les valeurs organisationnelles, tout comme la planification stratégique du CHU de Québec a voulu mettre au premier plan le patient. Parmi nos quatre grandes orientations stratégiques, nous avons donné la priorité à l’expérience patient. « Nous voulons faire vivre à nos patients, partenaires de leurs soins et services, et à leurs proches, une expérience empreinte d’humanisme, centrée sur leurs besoins spécifiques et respectueuse de leurs attentes. » 

En décortiquant bien le libellé de cette orientation, nous démontrons haut et fort que nous voulons faire appel à l’importance de ce moment pour un patient qui vit à l’hôpital une expérience parfois douloureuse et toujours inquiétante. Nous voulons qu’il soit bien informé, qu’il comprenne bien ce qui lui arrive et nous voulons qu’il participe activement à la décision qui le concerne. Nous affirmons que les proches et la famille font partie de l’environnement du patient et que nous devons en tenir compte. Nous confirmons que l’écoute des besoins spécifiques du patient est essentielle pour tenter le plus possible de satisfaire ses attentes tout aussi spécifiques. N’est-ce pas cela L’HOSPITALITÉ? 
 



Gertrude Bourdon, présidente-directrice générale, CHU de Québec - Université Laval. Madame Bourdon a figuré au palmarès des 100 femmes les plus influentes du Canada, en novembre 2014, selon le Réseau des femmes exécutives. Également en 2014, deux prix lui ont été décernés : le prix « Femme de mérite » du YWCA de Québec, dans la catégorie des services publics et le prix « Coup de cœur » du Conseil des infirmières et infirmiers du CHU de Québec. Nommée par le journal Le Soleil parmi les 25 femmes d’influence de Québec, elle a été choisie lauréate de la semaine Le Soleil / Radio-Canada, en février 2015.


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